G. Fromager au sujet d’Henri Delaplace Un souvenir précis !

, par Michel DECAYEUX

Lorsque les camarades retraités de l’Oise, évoquant Henri Delaplace, me demandèrent si j’avais à son sujet un souvenir précis à raconter, me vint tout simplement en mémoire mon adhésion à la CGT-FORCE OUVRIERE.

Lorsque les camarades retraités de l’Oise, évoquant Henri Delaplace, me demandèrent si j’avais à son sujet un souvenir précis à raconter, me vint tout simplement en mémoire mon adhésion à la CGT-FORCE OUVRIERE.

Cela se passait en 1978. Ancien responsable local de la CGT métallurgie, adhérant à FO, je trouvais logique d’aller me présenter au Secrétaire général de l’UD FO, à l’époque, Xavier Vieilledent. Si aujourd’hui, il n’étonne plus personne qu’un militant CGT vienne rejoindre FO, en 1978, notamment dans le bassin creillois, il ne s’agissait pas d’un fait banal. Le Secrétaire général de l’UD FO était donc plus intrigué que satisfait par mon arrivée. En toute logique, il me questionnait. Pourquoi quitter la CGT ? Pourquoi adhérer à FO ?

Lors de cet échange, un « monsieur un peu plus vieux » (j’avais 26 ans, et je dois avouer qu’à cette époque, toute être humain approchant peu ou prou la soixantaine m’apparaissait « un peu plus vieux » …) écrivait quelque chose, à quelques mètres de nous. De temps à autre, il levait un cil vers nous. Il ne m’était pas difficile de le reconnaître, c’était Henri Delaplace.

Le débat continuait. Avais-je été exclu de la CGT ? Non ! M’avait-on retiré mes mandats ? Non, ayant quitté la métallurgie, j’étais devenu agent de l’ANPE et ne disposais plus de mandat. Pourquoi quitter la CGT ? Parce que je combattais l’idée même qu’une organisation syndicale puisse s’inféoder à un programme (commun) de gouvernement ; parce que je voulais plus de démocratie dans les décisions ; parce que je considérais la décentralisation revendiquée par la CGT comme dangereuse pour le service public. Pourquoi adhérer à FO ? Pour l’indépendance vis-à-vis des partis politiques, entre bien d’autres choses.

Henri Delaplace, alors se leva et vint s’asseoir près de nous. Il regarda Xavier Vieilledent et lui dit : « Il est des nôtres » . Puis il me regarda : « Je te souhaite la bienvenue dans ta maison syndicale » . Suite à cet échange, nous eûmes bien des discussions Henri et moi. Il me raconta la scission, la constitution (par une poignée de militants) de FO dans l’Oise, en 1948. Il me raconta aussi les menaces des staliniens. Henri évoquait souvent – avec colère - la tentative de la CFDT pour déstabiliser SA Fédération, la « Fédéchimie CGT-FO » !

Quelques années plus tard, sachant son attachement viscéral à la défense de la laïcité, je le fis adhérer à la Fédération des Cercles de Défense de la Laïcité qui s’était constituée pour contrecarrer le renoncement du CNAL (Comité National d’Action Laïque) au Serment de Vincennes prononcé contre la loi Debré de financement de l’enseignement privé par les fonds publics. Le temps a passé, je suis devenu désormais « un peu plus vieux » à mon tour ! Mais, le souvenir le plus précis qui se présente à moi c’est bien quand il a dit : « Il est des nôtres ».

Gérald Fromager

(G Fromager a exercé des mandats syndicaux dans le syndicat de l’ANPE, dans la FGF, à l’UD de l’Oise et fut le secrétaire général de l’Union Départementale des syndicats FO de l’Aisne.)