Pacte de responsabilité :Les craintes des syndicats

, par Michel DECAYEUX

Le monde/le Parisien/les échos 27 janvier 2014

J’ai réaffirmé au Premier ministre que, sur la question des contreparties en termes d’emplois et de salaires, nous n’y croyons pas », a indiqué Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière (FO), à l’issue de l’entretien. Selon lui, « les contreparties en termes d’emplois ne sont possibles que sur des aides ciblées, ce n’est pas possible sur des mesures générales ». « Personne ne peut obliger les entreprises à embaucher », a-t-il fait valoir, évoquant un « marché de dupes ». Il a mis en doute aussi les économies de dépenses prévues par le gouvernement. « Je ne vois pas comment arriver à 50 milliards d’euros sans remettre en cause les services publics ou les prestations sociales », a expliqué Jean-Claude Mailly. « Le Medef a une influence (sur le gouvernement), c’est évident, on est dans une logique économique libérale et le président de la République a tendance à écouter sérieusement le président du Medef », Pierre Gattaz, a regretté Jean-Claude Mailly.

Les syndicats divisés

Le compte n’y est pas au niveau des contreparties a expliqué également le secrétaire général de la CGT, Thierry Le Paon, à l’issue de sa rencontre avec le Premier ministre : « Nous avons en mémoire qu’il y a huit semaines seulement, Jean-Marc Ayrault nous réunissait pour une grande remise à plat de la fiscalité. Aujourd’hui, le ton a changé, le gouvernement nous réunit pour nous expliquer la nature du pacte passé entre François Hollande et le président du Medef ». Thierry Le Paon a ajouté : « Il apparaît toutefois qu’aucune contrepartie n’est aujourd’hui inscrite entre le président de la République et le Medef pour justifier les 30 milliards d’euros d’aides aux entreprises ».

Ce pacte, annoncé le 31 décembre par le chef de l’Etat, prévoit la suppression des cotisations familiales patronales, soit environ 30 milliards d’euros d’ici 2017. Cette somme comprend les montants consacrés au Crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (CICE), qui doit dès l’an prochain représenter 20 milliards d’euros. Cette suppression des cotisations ne sera pas compensée par un transfert sur les ménages, a promis François Hollande, mais par des économies, qui doivent atteindre au moins 50 milliards d’euros d’ici la fin du quinquennat.

L’Elysée a aussi annoncé mardi dernier que les charges sociales ou fiscales des entreprises pourraient être réduites dès 2015, une mesure qui s’accompagnerait alors d’un « geste » fiscal en faveur des ménages. Le gouvernement aura toutefois fort à faire pour convaincre des organisations syndicales, réticentes à signer un chèque en blanc aux entreprises auxquelles elles veulent demander des « contreparties » chiffrées en termes d’embauches.