Statut des professeurs : un chantier explosif

, par Michel DECAYEUX

02/09 Les échos

Vincent Peillon ouvrira dès septembre et jusqu’en février des discussions en vue de modifier le statut des professeurs.

C’est le plus lourd des treize chantiers que Vincent Peillon a promis d’ouvrir et ce, dès septembre. Le ministre de l’Education nationale envisage de réformer le statut des enseignants du secondaire, qui repose sur plusieurs décrets datant de 1950. « Quelle réforme du statut ? feint de s’interroger Vincent Peillon lorsqu’on le questionne. Je ne veux pas réformer le statut, mais le métier. Les mots changent tout. » Le sujet est explosif. Le ministre arbore la même prudence lorsqu’on lui parle d’annualisation du temps de travail et de bivalence (enseigner deux disciplines à la fois), des sujets sur lesquels ses prédécesseurs ont buté. « Pourquoi reposer des questions dont nous savons que la réponse est non ? », confie le ministre.

« Il faut des entrées pédagogiques et non gestionnaires », confirme un acteur clef impliqué dans les discussions, qui avance la piste de l’éducation prioritaire comme angle d’attaque de la réforme : « Plus on a des élèves difficiles dans les niveaux hétérogènes comme le collège, plus le temps de travail est long. Et plus on a les élèves les plus homogènes et les plus faciles à encadrer, comme dans les classes prépas, plus le temps d’enseignement est court. Il faut revoir cet ensemble. » L’éducation prioritaire sera « une plaque tournante » pour aborder cette réforme, indiquait vendredi le SNES. Le puissant syndicat des enseignants du second degré a ses lignes rouges : « L’alourdissement de la charge de travail ou la remise en cause du nombre d’heures hebdomadaires , » indique l’un de ses cosecrétaires généraux, Daniel Robin. Le SNES se montre cependant ouvert à une réflexion sur l’ensemble des missions et du travail des enseignants. « Avec l’empilement des réunions, des conseils pédagogiques, des conseils école-collège et des conseils de classes, il y a eu un alourdissement important du temps de travail des enseignants », ajoute Daniel Robin.

Réforme à coûts constants C’est là le premier volet de la réforme : avoir une vision des missions des enseignants qui ne se limite pas à l’enseignement. Les professeurs ne font pas que de la présence devant les élèves, ils les accompagnent, voient les parents… Ces missions ne sont pas prises en compte dans les décrets de 1950 qui ne parlent que des 15 heures ou des 18 heures de présence des enseignants devant les élèves. Donnant l’impression que les enseignants travaillent peu, alors que le SNES avance une moyenne de 42 heures par semaine. L’autre volet de la réforme du statut concerne l’évolution de vieux dispositifs. Dans un rapport publié en mai, la Cour des comptes avait d’ailleurs critiqué des décharges « statutaires » et « en partie obsolètes ». Exemple : l’heure de réduction de service accordée aux enseignants d’histoire et de géographie au titre de l’entretien de cabinets de matériel historique et géographique, dont la plupart ont disparu. Le ministre s’attaquera-t-il à ces heures ? « Le risque serait alors que les personnels concernés réclament une compensation pour cause de perte de pouvoir d’achat », prévient un syndicaliste. D’autant que la réforme doit se faire à coûts constants, a indiqué le ministre. « S’il y a des coûts à certains endroits, il faudra des économies à d’autres », insiste une fin connaisseuse du dossier.

La bataille promet d’être rude