FMI : la France doit renoncer aux hausses d’impôts

, par Michel DECAYEUX

05/08 Les échos

Dans son rapport sur la France publié lundi, le FMI recommande de « ralentir la réduction du déficit » en 2014. En revanche, les réformes doivent être accélérées. Le gouvernement appréhende la rentrée, quand seront notamment officialisés ses choix sur les hausses d’impôts 2014. Bercy cherche quelque 12 milliards d’euros de mesures de prélèvements : 6 milliards pour compenser les moindres recettes générées par certains impôts, et 6 autres milliards pour réduire le déficit public, soit 0,3 point de PIB. Le taux de prélèvements obligatoires atteindrait ainsi un nouveau sommet, à 46,5 % de PIB en 2014. Dans son rapport annuel sur l’économie française publié hier, le Fonds monétaire international recommande une solution simple : renoncer à cet ajustement de 0,3 point de PIB sur les prélèvements obligatoires ! Et ne conserver « que » les économies prévues sur les dépenses publiques en 2014 (estimées à 0,7 point de PIB par Paris et 0,5 point par le FMI). L’abandon de cet ajustement fiscal de 6 milliards, jugé « relativement limité », pourrait « être rattrapé par le maintien d’un rythme régulier d’ajustement structurel (NDLR : sur les dépenses) sur une période plus longue que prévu par le programme de stabilité ». « D’ici la fin 2013, le gouvernement aura réalisé aux deux tiers l’effort entrepris en 2011 pour stabiliser les déficits. Etant donné ce bilan et le caractère toujours hésitant de la reprise, le gouvernement devrait ralentir le rythme de l’ajustement », argumente l’organisme international, qui va ainsi un cran plus loin qu’en juin, quand il avait publié les grandes lignes du futur rapport. Le FMI prévoit que la France termine 2013 avec un déficit de 3,9 % de PIB, contre 4,8 % en 2012. Il s’établirait ensuite à 3,5 % en 2014 et retomberait sous la barre des 3 % en 2015, à 2,8 % du PIB. Paris table officiellement sur un déficit de 3,7 % de PIB cette année, mais le gouvernement a déjà reconnu que ce chiffre serait dépassé.

Optimisme sur la conjoncture Sur la conjoncture, le message du FMI est un peu plus optimiste qu’en juin, même si la prévision reste calée sur une récession en 2013 (baisse du PIB de 0,2 %). Le Fonds constate « de récentes améliorations des indicateurs économiques » qui « soutiennent la prévision d’une reprise progressive au second semestre 2013 ». Cela conduirait à une croissance de 0,8 % en 2014 (prévision inchangée, identique à celle de l’OCDE). Bercy table officiellement sur 1,2 % de croissance en 2014, mais ce chiffre devrait être révisé en dessous de 1 % d’ici à la fin du mois), ce qui conduira à une prévision de déficit 2014 nettement supérieure à 3 %. Comme en juin, le FMI adresse un satisfecit appuyé à la France sur les réformes économiques engagées : crédit d’impôt compétitivité (qui va « réduire de 3 % le coût du travail »), accord sur l’emploi, etc. Mais il recommande au gouvernement d’aller plus loin et même d’accélérer. Car au-delà de cette « reprise cyclique », le potentiel de croissance de la France reste « entravé par des rigidités structurelles sur les marchés du travail et des biens » et le Cice ne suffira pas à régler les problèmes de compétitivité. Le FMI appelle notamment à réformer les retraites (sans relever les cotisations), à approfondir la réforme du marché du travail et à ouvrir davantage à la concurrence les marchés de biens et services.

Le chômage culminerait à 11,6 % en 2014 Dans son rapport, le FMI estime que le taux de chômage va poursuivre son ascension à 11,2 % de la population active fin 2013 et qu’il culminera à 11,6 % fin 2014, avant de refluer à 11,4 % fin 2015. Le taux de chômeurs dans la population active cessera donc d’augmenter « au cours de l’année 2014 », estime Ed Gardner, chef de la mission France du FMI, qui juge en revanche « difficile à atteindre » l’objectif du gouvernement français d’inverser la courbe d’ici à fin 2013. Outre l’insuffisance de la croissance (0,8 % en 2014), les experts du FMI pointent notamment le niveau du SMIC (comparativement aux autres Etats européens), qui reste un obstacle à l’emploi non qualifié, notamment des jeunes, en dépit des allégements de charges sur les bas salaires.