FO mobilisée contre une régression sociale

, par Michel DECAYEUX

le mercredi 13 mars 2013 Aisne Nouvelle

« La droite en rêvait, la gauche l’a fait » assure Gérald Fromager patron de Force Ouvrière

Pour la première fois, les leaders départementaux de Force Ouvrière et de la CGT ont manifesté côte à côte avec leurs troupes.

Une mobilisation contre le projet de loi imposant la flexibilité au nom de la compétitivité. Un accord pourtant signé par la CFDT, la CGC et la CFTC. Gérald Fromager secrétaire départemental de FO a répondu à nos questions.

Quel bilan tirez-vous de cette manifestation avec la CGT qui n’a pas rassemblé la foule (quelque 1 000 personnes) dans l’Aisne ? « C’est un demi-succès. Il y avait la période des vacances scolaires et nos camarades de la fonction publique ne se sont pas investis dans la manifestation, à tort d’ailleurs puisque l’un des trois signataires de l’accord dit qu’il faudrait que cela soit étendu à la fonction publique ».

Vous ne voyez aucun point positif dans ce projet ? « S’il faut résumer l’accord c’est la précarité maintenant la sécurité plus tard. Une complémentaire pour tous est renvoyée aux calendes grecques. Et une très grande majorité des personnels a déjà une complémentaire santé. Cet accord, c’est la possibilité de changer les dispositions légales. Les députés de gauche vont le voter parce qu’on leur dit c’est bien, certains ne l’ont même pas lu, l’opposition va le voter parce que le Medef soutien ce texte dont il est le porteur. Nous sommes dans une modification du code du travail dans ses aspects fondamentaux. C’est une régression sociale ».

Régression sociale à quel niveau ? « Le plus choquant est la possibilité de négocier, certes par accord majoritaire, mais on sait très bien que cela se fait assez facilement dans une entreprise, une baisse des salaires ou une augmentation du temps de travail pour des durées de deux ans. Jusqu’à présent une modification de ces éléments entraînait des modifications du contrat de travail. Cet accord pourrait permettre de baisser les salaires très substantiellement. Et dans le cadre d’un plan social on pourrait demander à un salarié de muter dans le groupe sans définir de périmètre, et en cas de refus il pourrait être licencié pour faute personnelle ».

Vous prétendez que cet accord est minoritaire. Pourquoi ? « Effectivement, puisqu’avec la loi de la représentativité la CFTC n’est plus représentative, la CGC ne l’est que dans les personnels d’encadrement, seul la CFDT est représentative. Ces trois syndicats ne représentent pas plus que 30 % des suffrages exprimés ».

On parle d’une nouvelle réforme des retraites. Y êtes-vous prêts ? « La réforme de la retraite de base Sarkozy-Fillon n’ira pas à son terme et va revenir en discussion. Et il y a les retraites complémentaires en négociation ; une nouvelle réunion est prévue mercredi. Pour ces dernières nous proposions une augmentation des cotisations salariales et patronales avec une amélioration des droits. Nous étions même prêts à faire un effort sur la désindexation sur le niveau de vie, c’est colossal, mais le patronat refuse et veut un recul de l’âge de la retraite. Nous sommes déjà passés depuis 2003 de 37,5 à 40 puis 42 années de cotisations. Le système est profondément inégalitaire ».

Comprenez-vous la colère qui gronde ? « Bien sûr, d’autant plus que ces accords compétitivité emploi avaient été récusés par l’ancienne opposition. Quand ils étaient dans l’opposition ils étaient contre, aujourd’hui ils sont pour ! On peut dire la droite en rêvait, la gauche l’a fait. Il y a un désappointement très important de la part des gens qui attendaient un changement. On ne parle plus de la RGPP dans la fonction publique mais maintenant de modernisation de l’activité publique, c’est la même chose, sur les recommandations de l’Europe en contraintes budgétaires c’était non, maintenant c’est oui, sur la compétitivité emploi c’était non, maintenant c’est oui… Je ne sais pas comment cela va se traduire dans les urnes. Aujourd’hui une étincelle peut mettre le feu aux poudres. Je ne suis pas certain que nos dirigeants de droite comme de gauche en soient conscients ».