La tête de la CGT embarrassée par le rôle de l’avocat Rilov dans l’affaire Goodyear </Font>

, par Michel DECAYEUX

le 04 février 2013 Usine Nouvelle

La centrale de Montreuil tente de rattraper à la fois la catastrophe sociale de l’affaire Goodyear et la mauvaise image de la CGT. Mais elle est mal à l’aise avec le rôle joué par l’avocat Fiodor Rilov.

La volée de bois vert tombée sur la CGT de Goodyear, accusée d’avoir fait capoter la reprise par Titan d’une partie du site d’Amiens-Nord, ne pouvait laisser indifférente la centrale de Montreuil. Dans un difficile exercice d’équilibrisme, un membre influent de la direction soutient le délégué syndical CGT du site, Mikael Wamen, mais se montre nettement plus critique vis-à-vis de l’avocat "rouge" qui le conseille, Fiodor Rilov.

"Les équipes syndicales se sont toujours battues pour obtenir des investissements sur le site, et un engagement du repreneur à maintenir une activité pendant plusieurs années, justifie-t-il. Elles ont beaucoup fait évoluer le projet, et un accord a failli être trouvé. Le plan de départs volontaires avait remplacé les licenciements."

La CGT exigeait un engagement de Titan sur 5 ans, les discussions avaient permis d’obtenir un engagement sur 3 ans et demi. "On était très près des revendications de la CGT, on pouvait aboutir, Mikael était prêt à signer, quand Rilov a soudainement demandé un engagement sur sept an et tout fait capoter ! C’est une catastrophe, ce type ! Ca fait du mal à la CGT, mais surtout aux salariés. On pouvait sauver 500 emplois, plus les indirects ! Et là on a 1200 licenciements et des milliers d’emplois indirects menacés."

Selon ce responsable de la CGT, Arnaud Montebourg lui-même n’arrive pas à faire entendre raison à l’avocat, qui s’arc-boute et promet aux salariés de faire annuler le Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) à venir. A Amiens, l’argument porte, et l’avocat fait mouche auprès des salariés.

Le ministre du Redressement productif essaie de "remettre tout le monde autour de la table", mais une première table ronde n’a pas pu se tenir parce que la direction de Goodyear n’en voulait pas. Face à cette catastrophe sociale annoncée, et à l’image écornée de la CGT, Bernard Thibaut, dimanche sur France Inter, s’est montré ouvert à une réouverture des négociations avec Titan : "Si Montebourg a les capacités de réunir autour de la table l’ensemble des acteurs, et de dessiner un plan qui aux yeux des personnels est convenable, je ne vois pas pourquoi la CGT refuserait cette perspective", a affirmé le leader de la CGT. Une réunion tripartite au ministère aurait l’avantage de se tenir sans l’avocat Rilov...

L’affaire est également politique, puisque Fiodor Rilov a souhaité se présenter aux élections législatives, en juin dernier, porté par le mouvement de Maxime Gremetz. Faute d’avoir été naturalisé à temps, il a envoyé Mikael Wamen au front. Le délégué syndical a fait 6,3%.

Même politisation du mouvement à PSA Aulnay. La CGT, accusée d’intimidations à l’égard des non-grévistes, y est dirigée par Jean-Pierre Mercier, ancien porte-parole de Nathalie Artaud, candidate Lutte ouvrière à l’élection présidentielle. Là aussi, si la CGT ne peut pas critiquer ouvertement ses troupes, elle tente de recoller les morceaux et de reprendre la main, syndicalement, sur le mouvement.

Goodyear : la CGT est prête à accepter un plan convenable le 04 février 2013, Bernard Thibault, était sur le plateau de l’émission "Tous politiques", dimanche 3 février. Il a déclaré que la CGT ne refuserait pas un plan convenable aux yeux des personnels pour sauver l’usine Goodyear d’Amiens-Nord. La CGT, syndicat majoritaire à l’usine Goodyear d’Amiens-Nord, dont la fermeture a été annoncée jeudi 31 janvier, se dit ouverte à toute proposition pour sauver le site.

"Si Montebourg a les capacités de réunir autour de la table l’ensemble des acteurs, et de dessiner un plan qui aux yeux des personnels est convenable, je ne vois pas pourquoi la CGT refuserait cette perspective", a affirmé Bernard Thibault, leader de la CGT, lors de son passage à l’émission "Tous politiques", dimanche 3 février.

De son côté, le ministre du Redressement productif souhaite "ramener tout le monde à la table des négociations", tout en demandant à la CGT de "mettre de l’eau dans son vin", selon l’AFP. Bernard Thibault a rétorqué : "La question pour nous, c’est qu’il ne suffit pas d’avoir un repreneur à un instant T, il faut des engagements sur le moyen terme". Pour Goodyear d’Amiens-Nord, les discussions "n’ont pas permis d’aboutir aux yeux des représentants du personnel sur des engagements suffisamment forts ou suffisamment fiables", a-t-il ajouté.

Samedi 2 février, le représentant de la CGT, Michael Wamen, déclarait à l’AFP que François Hollande ne tenait pas ses promesses de candidat et "ne fait plus rien du tout sauf condamner la CGT, et surtout pas la direction de l’usine". Pour sa part, Bernard Thibault a souhaité répondre aux critiques sur les méthodes de la CGT de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois, accusée de créer des tensions sur le site. "Je sais, en particulier dans cette usine, dans cette marque, qu’il est assez courant de chercher à criminaliser l’action syndicale, au point que plusieurs de nos militants, ce qui est scandaleux, vont comparaître cette semaine pour des faits qui leur sont reprochés", a-t-il déclaré.

Entre autres, selon le patron de la CGT, "on ne nous reconnaît pas la possibilité de faire des propositions alternatives aux plans économiques décrétés par les directions d’entreprise, donc oui, ça génère du conflit, de la tension".