Techni-Métal Industrie ferme en catimini

, par Michel DECAYEUX

le 19.07.2012 Le Parisien

Le 6 juillet, les 80 employés de Techni-Métal Industrie, une entreprise installée à Mélicocq, ont brutalement appris qu’ils étaient licenciés. Rien ne laissait présager une telle nouvelle.

C’est dans la plus grande discrétion que l’usine Techni-Métal, de Mélicocq, dans le Nord-Compiégnois, a fermé ses portes le 6 juillet, laissant sur le carreau 81 salariés. « Il ne reste plus que la direction et l’administratif, soit une petite dizaine de personnes dans la holding », confie à la dérobée un membre du personnel. « Ces services sont là pour liquider la filiale Techni-Métal Industrie. C’est tout. » Impossible d’en savoir plus. Cet ancien employé n’est pas plus bavard : « J’ai bâti ma carrière dans cette entreprise, mais je ne tiens pas à épiloguer sur le sujet. Je ne sais pas ce qui s’est passé et je ne sais pas si nous le saurons un jour. »

Une mauvaise gestion est parfois évoquée à demi-mot.

Le directeur de la société, Bernard Mouton, est injoignable. Il enchaîne les réunions et les déplacements pour trouver une issue favorable aux ouvriers qu’il a dû licencier. Même le maire, Michel Flamant, a appris au détour de conversations cette nouvelle. « Personne ne m’a tenu au courant », affirme-t-il. Le seul contact qu’il semble avoir eu avec la direction était la réservation de sa salle multifonction pour une réunion avec… Pôle emploi. « Je sais que l’entreprise a eu des difficultés en 2006, mais je pensais qu’elle était fiable et compétitive. Comme tout le monde », renchérit l’élu.

« M. Mouton est un manipulateur. Nous avons fait confiance à la direction. Tous les jours, les dirigeants nous disaient qu’il n’y avait pas de souci. Nous n’étions au courant de rien jusqu’au moment où ils nous ont dit d’arrêter de prendre des commandes et de finir nos chantiers. Certains clients se sont sentis abandonnés », précise Francesco Chiappetta, trésorier de l’ancien comité d’entreprise.

Ce spécialiste reconnu de la chaudronnerie et de la tuyauterie industrielle semblait avoir le vent en poupe ces dernières années. Il multipliait les innovations et intervenait dans le monde entier : aux Etats-Unis, au Brésil, en Afrique, en Indonésie ou encore en Australie. Mais en février 2012, la situation financière de ce colosse aux pieds d’argile se dégrade, un plan de sauvegarde est mis en place. Le 30 mai, la liquidation judiciaire est prononcée par le tribunal de commerce de Compiègne. L’entreprise aurait par deux fois échappé à la faillite ces dernières années.

Fraîchement réélu député, Patrice Carvalho (Front de gauche) reste vigilant. « J’ai rencontré le directeur récemment. Il avait un projet de reprise de l’activité en interne, dans une autre filiale, mais il était soumis à une décision de l’Etat. Je dois reprendre contact avec lui prochainement. Ces licenciements ne sont pas une bonne chose, mais il existe toujours un marché des besoins pour ces ouvriers qualifiés. J’espère que le reclassement sera possible et se fera vite. » Aujourd’hui, seuls 12 salariés ont pu retrouver un emploi.