Beauvais : Ils jouent au poker pour décrocher un job

, par Michel DECAYEUX

le 03 .07.2012 Le Parisien

Faire jouer à une même table de poker un recruteur et des candidats à l’emploi, c’est l’idée détonante de la Jeune Chambre économique de Beauvais. C’est du poker management

Le poker est tendance. Au point que même les entreprises s’y intéressent. La Jeune Chambre économique de Beauvais planche sur un événement inédit : organiser en octobre un rendez-vous professionnel autour de tables de poker. « On mettra à la même table une personne qui a un poste spécifique à pourvoir, d’une part, et des candidats à la recherche d’emploi, d’autre part, décrit David Ribeiro, qui porte le projet au sein de la Jeune Chambre
Notre objectif : c’est dix tables avec dix emplois à la clé. Soit entre 60 et 100 personnes. On pense se concentrer sur des profils d’encadrants, de commerciaux, de responsables logistiques ou de travaux… » Les candidats à l’embauche seront sélectionnés à l’avance. Les joueurs auront un bon CV, préalablement adoubé par le recruteur. Mais le jour de la partie, le profil professionnel disparaîtra derrière le jeu, le bluff et les mises.

Stratégies et gestion du stress « Lors d’une découverte poker, on s’est aperçu que le hold’em faisait appel à beaucoup de stratégies et à une bonne gestion du stress, note David Ribeiro. C’est ça qui nous a donné l’idée d’en faire un événement professionnel à part entière. Le jeu est très révélateur de la personnalité des gens : il révèle la prise de risque, la propension à la panique, la façon de préserver ou de dilapider le capital trésorerie, l’attitude face aux autres challengeurs… » Face à une même situation de jeu, les stratégies des joueurs peuvent être très différentes. Et totalement bouleversées par les cartes qui se retournent sur la table au fur et à mesure de la partie. « On aura le candidat qui jouera la prudence et préférera abandonner s’il estime que son jeu n’est pas assez beau pour gagner. C’est celui qui vise le long terme. A l’inverse, on distinguera le joueur qui mise sur deux cartes à fort potentiel mais avec de grands risques. Le poker peut révéler des tas de qualités. Sans paroles, on ne jugera que les stratégies, les réactions et les émotions. »

Réunis à la même table autour d’un croupier professionnel, tous les joueurs seront placés sur un pied d’égalité. « Contrairement aux entretiens classiques, le recruteur ne sera pas au-dessus des candidats. Il jouera lui aussi. Les postulants subiront peut-être moins la pression et le recruteur ne sera plus seul dans son bureau à se demander s’il fait le bon choix. A l’issue de la soirée, il peut décider de revoir une ou plusieurs personnes en rendez-vous. » C’est là que s’arrête l’expérience : celui qui rafle la mise ne rafle pas forcément l’emploi. Ces dernières années, le poker a quitté les cercles de jeu pour se glisser partout, même dans le monde professionnel. « Certaines entreprises l’utilisent pour faire du team building, pour souder les équipes », analyse Fabian Sanniez, qui a créé son entreprise d’organisation de soirées sur le thème du poker à Cambronne-lès-Clermont. Mais à croire les membres de la Jeune Chambre économique de Beauvais, leur soirée beauvaisienne de poker management serait une première en France.

PHILIPPE DIZENGREMEL DRH dans une collectivité territoriale

« C’est atypique mais pas délirant »

« Dans le poker, on retrouve plein d’émotions de la vie, notamment si la partie dure dans le temps. C’est atypique mais pas délirant non plus comme approche du recrutement. » Philippe Dizengremel, DRH dans une collectivité territoriale et ex-DRH de groupes industriels, accueille d’un œil plutôt bienveillant cette nouvelle méthode mise en place par la Jeune Chambre économique de l’Oise. Il enchaîne : « Il y a toutefois une chose importante : l’argent. Pour que le poker soit intéressant, il faut que le candidat soit en danger en jouant ses sous. S’il n’a rien à perdre, il ne jouera pas de la même façon. Avec une mise, il y aura des prises de risque, du bluff et même de la manipulation. Plein de choses que nous voyons quotidiennement dans le monde de l’entreprise », détaille-t-il. Et de conclure : « Sur un CV, on voit un parcours, des compétences. Mais aujourd’hui, on a besoin de connaître les capacités d’une personne à s’adapter à une situation inattendue dans un laps de temps très court. Voilà ce qui est déterminant. Moi, je préfère la morphopsychologie.

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Commentaire FO : Mais qu’est ce qu’ils ont pris sur la tête les DRH ? Le ciel leur est tombé dessus ou alors ils ont fumé des joints (effets de mode) ou la moquette de leur bureau pour avoir de telles idées !

Après les jours fériés ou l’Association, des DRH suggère de tenir compte des fêtes des différentes communautés religieuses pour revoir l’octroi de jours fériés (payés - Code du travail et conventions collectives-) ce qui veut dire, sous-jacent, la suppression de certains, voire tous, à terme.

Est-ce qu’elle prend conscience qu’elle remet en cause les valeurs fondamentales de notre République laïque ?

Voilà maintenant une nouvelle idée qui paraît aussi saugrenue. Pour décrocher un emploi il va falloir jouer au poker et si possible avec de l’argent pour éviter que le postulant fausse le jeu. Faut il encore savoir jouer au poker et avoir de l’argent...

A quand cette matière (apprendre à jouer au poker ou autres jeux similaires) dans le cursus scolaire pour pouvoir prétendre à un emploi ?

En clair, dorénavant pour travailler, ce qui devient un privilège, il faut payer. Cela ressemble aussi, à s’y méprendre à certaines époques de l’Histoire de l’humanité où il fallait payer en or sonnante et trébuchante pour avoir une charge qui permettait de vivre tout au moins survivre.

Plus besoin de diplômes, plus besoin de connaissances, plus besoin d’expérience, il suffit de savoir bluffer c’est à dire mentir, à la limite de la tricherie, être kamikaze, pour démontrer que l’on est réactif, dans cet espace de guerre économique que se livrent les entreprises, et décrocher un Job.

Triste mentalité, triste société.

Encore plus navrant la position d’un DRH de collectivité territoriale.
Jusqu’à présent les collectivités locales, territoriales, nationales sont des services publics, c’est ce que nous a inculqué l’école laïque de la République, c’est aussi ce que nos anciens, qui se sont battus pour cela, nous ont appris.
Dés l’instant où une collectivité territoriale est un service public, donc au service et accessible à tous les citoyens, il ne peut pas y avoir la même réactivité en terme de service que pour une entreprise privée soumise à concurrence.
Il faut juste des agents territoriaux, des agents de l’état, des agents des services publics, des fonctionnaires, avec des connaissances et compétents.

Vraiment difficile à comprendre cette analyse et position de ce DRH de collectivité territoriale d’autant plus que ses responsables politiques sont pour la défense du service public, à moins que ce DRH voit dans un avenir proche la disparition entière des services publics territoriaux vers le secteur privé.

Il y a de quoi être effaré devant de tels projets, c’est purement et simplement une remise en cause d’un certain nombre de fondamentaux de la société, des relations avec le monde du travail, des relations sociales avec l’entreprise qu’elle soit privée ou d’état.

Ces DRH n’ont-ils pas autre chose à penser que de lancer de telles idées pour faire vivre les entreprises, les collectivités territoriales, dans cette période où le taux de chômage est particulièrement très élevé ?

Au fait un DRH c’est quoi ? DRH quelle signification lui donné : Directeur des Relations Humaines ou Directeur des Ressources Humaines, l’abréviation paraît innocente en soi mais la portée n’est pas du tout la même et peut être lourde de conséquences. (Voir doc en pdf)