Hausse des impôts : la France pointée du doigt

, par Michel DECAYEUX

le 20.06.2012 Le Parisien

Lors du G20, le Premier ministre britannique a critiqué la hausse des impôts programmée par François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Il est vrai que le pari est risqué alors que la croissance est en berne

« Quand la France instituera un taux de 75% pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, nous déroulerons le tapis rouge et nous accueillerons plus d’entreprises françaises qui paieront leurs impôts au Royaume-Uni. » Prononcée avant-hier en marge du sommet du G20 de Los Cabos (Mexique), cette petite phrase assassine de David Cameron, le très libéral Premier ministre britannique, sonne comme une attaque en règle contre la mesure emblématique du programme de campagne de Hollande : taxer à 75% les personnes gagnant plus de 1 M€ par an.

Plus largement, le chef du gouvernement anglais semble douter de l’efficacité des 29 Mds€ de hausses d’impôts programmées par les socialistes pour les dix-huit prochains mois.

Plusieurs chefs d’Etat sceptiques Un « choc » fiscal dont les premières mesures seront officialisées le 4 juillet. Au menu : l’annulation de dispositifs lancés par Sarkozy (TVA sociale, heures supplémentaires, baisse de l’ISF, droits de succession) et des décisions de « justice » visant à alourdir la taxation des contribuables les plus aisés et des grandes entreprises. C’est aussi le moyen choisi pour redresser les comptes de la France. Confronté à une baisse de l’activité économique, le gouvernement doit tenir la promesse faite à Bruxelles de réduire les déficits publics (4,5% du PIB en 2013).

Le hic, c’est que la pression fiscale ne cesse d’augmenter. A la fin du quinquennat, Hollande table sur un taux de prélèvements obligatoires de 46,9% du PIB, les classes moyennes, quoi qu’en dise le gouvernement, n’étant pas à l’abri de mauvaises surprises. Un pari risqué au moment où le pays, en panne de compétitivité, peine à sauver ses emplois industriels. S’ils ne l’expriment pas de façon aussi frontale que Cameron, d’autres dirigeants européens, dont Angela Merkel, partagent cette analyse. Et invitent la France, deuxième économie du continent, à faire des économies plutôt que d’augmenter les impôts en réduisant le train de vie de l’Etat et de ses satellites. Un engagement pris par Hollande (« la dépense publique sera maîtrisée »), mais qui peine à se concrétiser, les décisions difficiles étant remises à l’automne.