Le G8 plaide pour une zone euro "forte et unie" et encourage la croissance

, par Michel DECAYEUX

Le Monde.fr | 19.05.2012

Les dirigeants des pays du G8 ont plaidé samedi pour une zone euro "forte et unie", avec la Grèce, et se sont engagés à "encourager la croissance", tout en prenant des mesures contre les déficits, lors d’un sommet dominé par la crise de la dette européenne. Un engagement pour la croissance dont le président français François Hollande s’est félicité, estimant que cette dimension était une "attente" des opinions publiques et des marchés. "La première grande orientation, celle que je voulais donner, je n’étais pas le seul, c’était de mettre la croissance au coeur de nos discussions (...) il apparaît d’évidence que la croissance a été le grand sujet de ce G8", s’est réjoui M. Hollande. Hôte du sommet organisé dans sa résidence forestière de Camp David, dans le Maryland, le président Barack Obama a salué le consensus qui s’est dégagé des discussions. "Tous les dirigeants sont d’accord aujourd’hui ici, la croissance et l’emploi doivent être notre priorité absolue", a déclaré Barack Obama, en clôture des travaux. "Il y a maintenant un consensus de plus en plus net sur le fait qu’il faut en faire plus pour créer de la croissance et des emplois dans le contexte des réformes budgétaires et structurelles" engagées en Europe, a estimé le président américain. DIFFÉRENCES DE STRATÉGIE La double ambition affichée par les dirigeants du G8 butte toutefois sur des différences de stratégie. Différences soulignées dans le communiqué du sommet de Camp David qui pointe que les mesures à prendre "ne sont pas les mêmes pour chacun" d’entre eux. Dans un effort pour contenter à la fois la chancelière allemande Angela Merkel, apôtre de la rigueur, et les nouveaux dirigeants italien Mario Monti et français François Hollande, qui souhaitent donner davantage priorité à la relance, M. Obama a affirmé que la recherche de la croissance et la lutte contre les déficits devaient aller de pair. M. Monti a estimé qu’on ne pouvait pas "se contenter d’attendre des réformes structurelles et la réduction des déficits pour générer de la croissance". Il a appelé le conseil européen du 23 mai à "définir des mesures concrètes, comme un renforcement du capital de la Banque européenne d’investissement, des obligations destinées aux projets (d’infrastructures) et une évolution vers les eurobonds" et annoncé un sommet avec M. Hollande et Mme Merkel à Rome en juin. Mme Merkel, qui a rencontré en tête-à-tête M. Obama à Camp David samedi soir, a nié toute divergence entre Paris et Berlin sur ce sujet. "Le message important à retenir du sommet, c’est que la consolidation des budgets et la croissance sont les deux faces de la même médaille", a-t-elle affirmé. Selon elle, les dirigeants des pays du G8 et de l’Union européenne "sont tombés entièrement d’accord pour dire qu’il faut les deux choses : de la discipline budgétaire (...) et en même temps des efforts pour la croissance". L’EURO AVEC LA GRÈCE Ce débat sur la dette européenne s’effectue sur fond de graves inquiétudes pour la Grèce, où la crise économique se double d’un blocage politique. Les Grecs sont à nouveau appelés aux urnes le 17 juin et leur sortie de l’euro est ouvertement évoquée. M. Hollande a affirmé avoir obtenu que le soutien à la Grèce soit mentionné par le G8. "Le message que j’ai voulu porter (...) ça a été le souhait que la Grèce reste dans la zone euro, respecte ses engagements mais soit appuyée, accompagnée par l’Europe pour stimuler sa croissance", a déclaré M. Hollande Candidat à un second mandat le 6 novembre, M. Obama a mis en garde contre les effets néfastes des difficultés européennes sur la situation aux Etats-Unis où, même modeste, la croissance est revenue et le chômage a décru d’un point depuis août 2011.