Enquête sur la rémunération des grands patrons

, par Michel DECAYEUX

le 10.03.2012 Le Parisien

Après un bond de 34% en 2010, les salaires des dirigeants du CAC40 devraient encore augmenter en 2011. Et le système très lucratif des stock-options continue de tourner à plein. Ils sont dans le collimateur des candidats à la présidentielle. Alors que les bénéfices cumulés des grandes sociétés cotées à la Bourse de Paris ont atteint l’an dernier 74 Mds€, notre journal a mené l’enquête sur ce que gagnent les stars du CAC40. Malgré la crise et alors que les salariés n’ont eu droit l’an dernier qu’à des augmentations à peine supérieure à l’inflation, les hauts dirigeants ont encore vu leur rémunération grimper.

Un encadrement plus strict Après un bond de 34% en 2010, le millésime 2011 s’annonce tout aussi prometteur. C’est ce qui ressort des premiers rapports annuels publiés par les entreprises sur le site de l’Autorité des marchés financiers (AMF). On y découvre que Frédéric Oudéa, le patron de la Société générale s’est vu octroyer une hausse de salaire de… 55%, .Les dirigeants de Sanofi et de Vinci ont été gratifiés, eux, d’une augmentation de 16% et 13%. Loin du regard des assemblées générales d’actionnaires, ces revenus ont été revus à la hausse par les comités de rémunérations. Et nos capitaines d’industrie ont aussi profité en 2011 des gains plus que substantiels tirés de leurs stock-options.

Un système décrié qui leur permet d’acheter des actions de leur entreprise à un prix préférentiel avant de les revendre au cours du jour en réalisant de confortables plus-values. C’est le jackpot assuré. Pour avoir une idée de leurs gains, nous avons épluché des centaines de documents administratifs fournis à l’AMF. Sur les vingt-cinq dirigeants du CAC40 qui ont profité de leurs stock-options entre mars 2011 et aujourd’hui, ils sont cinq à avoir empoché entre 1 et 3,3 M€. Technip, Pernod Ricard, Essilor, Publicis… le système est donc toujours utilisé même si « les distributions de stock-options ont été plus faibles ces derniers temps parce que les cours de Bourse étaient moins élevés », observe Pierre-Henri Leroy, président du cabinet de conseils Proxinvest. Peut-être. Mais quelle que soit l’issue de l’élection présidentielle, les grands patrons devront sans doute s’attendre à un encadrement plus strict de leur rémunération.

Les composants de leur rémunération

Qu’il dirige un fleuron du CAC 40 ou une grosse PME, un dirigeant d’entreprise n’est pas un salarié comme un autre. N’étant pas protégé, en principe, par un contrat de travail, un mandataire social, le terme consacré pour un gérant, un PDG ou un directeur général, peut être débarqué à tout moment par son conseil d’administration. C’est la raison pour laquelle, un patron négocie à son arrivée les conditions de son départ ( golden parachute,, retraite-chapeau...). Pour sa rémunération, elle se compose essentiellement de trois parties.

Le salaire fixe. C’est son salaire de base quels que soient les résultats de son entreprise. Il représente environ quart de la rémunération d’un patron du CAC 40. Le montant ( 995 000 € par an en moyenne en 2010) est soumis à l’impôt sur le revenu. La part variable. Elle dépend de l’atteinte, ou non, des objectifs assignés à un patron (augmentation du cours de bourse, du chiffres d’affaires, de la rentabilité, etc... ). Equivalent à tiers de leur rémunération, ces primes sur objectifs se sont élevées en moyenne à1,3 M€ en 2010. Là encore, cet argent est soumis à l’impôt. La distribution d’actions. Elles sont versées sous forme de stock-options ou d’actions gratuites. Les premiers sont soumis à une double-imposition : une première fois à l’achat des titres et une seconde fois à la vente. Comme pour les stock-options, les actions gratuites sont taxées deux fois (gain d’acquisition et plus-values tirées de leur revente).