UE : Un salarié allemand sur quatre a un bas salaire, contre un sur dix en France

, par Michel DECAYEUX

16/12/2016 Les échos

Eurostat a calculé la proportion de « bas salaires » dans les différents pays de l’Union européenne.

Si l’Union européenne est toujours considérée comme un îlot de prospérité relative dans le monde, les dernières données de l’office statistique Eurostat montrent que la précarité...

Eurostat a calculé la proportion de « bas salaires » dans les différents pays de l’Union européenne. Si l’Union européenne est toujours considérée comme un îlot de prospérité relative dans le monde, les dernières données de l’office statistique Eurostat montrent que la précarité n’épargne aucune de ses économies et révèlent quelques anomalies.

Première indication : la proportion de bas salaires parmi l’ensemble des salariés de l’Union européenne atteint 17,2 %, la zone euro en compte un peu moins, 15,9 %, ce qui est logique compte tenu de sa plus grande homogénéité économique. Est considéré comme un bas salaire celui qui touchait en 2014 deux tiers ou moins du salaire horaire national brut médian. Il s’agit donc d’un niveau relatif et non en valeur absolue. S’il n’est pas étonnant de trouver le plus grand nombre de ces bas salaires en Lettonie (25,5 %), en Roumanie (24,4 %) ou en Pologne (23,6 %), leur forte proportion est plus inattendue en Allemagne (22,5 %), au Royaume-Uni (21,3 %), en Irlande (21,6 %), et même aux Pays-Bas (18,5 %) . A noter que, pour des raisons liées à la réorganisation du système de collecte, les données de la Grèce n’apparaissent pas. A l’inverse, les pays scandinaves continuent de mériter leur réputation de pays plus égalitaires puisque moins de 10 % des salariés percevaient des bas salaires en Suède (2,6 %), en Finlande (5,3 %) et au Danemark (8,6 %). La France (8,8 %) et la Belgique (3,8 %) apparaissent également plus équitables tandis que les pays du sud de l’Europe, Espagne, Portugal et Italie, affichent un niveau de bas salaires intermédiaire, inférieur à 15 %. 22,5 % des Allemands et 21,3 % des Britanniques gagnent moins que le salaire minimum, de 10,50 € et 9,90 € de l’heure respectivement.

Des écarts très importants Concernant le niveau du salaire brut médian, les écarts restent très importants dans l’Union européenne puisqu’ils s’échelonnent de 1 à 15. Le niveau le plus élevé a été enregistré au Danemark (25,50 euros de l’heure), devant l’Irlande (20,20 euros) et la Suède (18,50 euros). A l’autre bout de l’échelle, le salaire médian le plus faible se trouve en Bulgarie (1,70 euro) et en Roumanie (2 euros). En Allemagne, il s’élève à 15,70 euros et en France à 14,90 euros.

La part du lion revient à la finance Les emplois dans la finance et les assurances sont les mieux rémunérés dans l’UE et se trouvent dans le top trois des secteurs les plus rentables dans tous les États membres sauf l’Irlande. L’information et la communication sont aussi dans le top trois des secteurs les mieux payés dans la majorité des pays européens.

L’exploitation et l’extraction minières sont aussi des secteurs fortement rémunérateurs et se trouvent en haut du classement au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et au Danemark. Au contraire, les services liés au logement et à la restauration rapportent peu aux travailleurs européens et se retrouvent en bas du classement dans tous les États membres sauf en Espagne et en Slovénie où ces deux secteurs sont avant-derniers.

L’étude d’Eurostat confirme par ailleurs que les femmes sont davantage concernées par les bas salaires (21,1 %) que les hommes (13,5 %) et les moins diplômés (28,2 %) bien plus que ceux qui ont un niveau d’éducation supérieur (6,4 %). Les faibles rémunérations concernent enfin davantage les CDD (31,9 %) que les CDI (15,3 %).