Salaires : enfin l’embellie pour les Français ?

, par Michel DECAYEUX

le Parisien économique Les échos

Les Français gagnent en moyenne 2 225 euros net par mois. L’heure des augmentations aurait-elle sonné ? Et si c’était le moment de demander une augmentation de salaire ? Publiés vendredi, les chiffres de la Dares, la direction des études statistiques du ministère du Travail, montrent en tout cas que la hausse est déjà amorcée. En 2014, les salaires des Français du privé et du public ont progressé en moyenne de 1 % (contre 0,7 % en 2013). Ce qui porte leur rémunération nette mensuelle moyenne à 2 225 euros (2 957 euros brut). Le gain est timide mais « l’accélération des salaires a prévalu dans la majorité des branches professionnelles », note la Dares. Et le pouvoir d’achat des salaires, en tenant compte de l’augmentation des prix, est repassé dans le vert après deux années dans le rouge.

De fortes inégalités

Cette embellie doit être nuancée. D’abord, les écarts de salaires restent importants entre hommes et femmes (18,6 % en 2014) ou selon que l’on travaille dans une multinationale ou chez un artisan. Ensuite, les inégalités sont telles que, si l’on prend non plus le salaire moyen mais le salaire médian, la moitié des Français gagnent en réalité moins de 1 783 euros net par mois. Il reste que la reprise, même modeste, de l’activité économique recommence à tirer les salaires vers le haut. Un mouvement qu’autorise notamment la restauration des marges des entreprises chouchoutées tout au long du quinquennat de François Hollande (pacte de responsabilité, CICE, baisses de charges sur les bas salaires...).

Les prétendants à la présidentielle ne s’y sont pas trompés. Chacun se proclame à sa manière le « candidat de la fiche de paie ». Fillon promet d’augmenter les salaires en supprimant la cotisation maladie et Macron veut réduire l’écart entre salaire brut et salaire net tandis que Hamon et Mélenchon proposent une forte revalorisation du smic. Avant de vous rendre aux urnes, peut-être avez-vous déjà décidé de parler gros sous avec votre patron. Si c’est le cas, le site du « Parisien » - « Aujourd’hui en France » vous propose un outil permettant d’un coup d’oeil de savoir si vous êtes ou non bien payé.

Salaires : la réalité des écarts selon les conventions collectives Le salaire net mensuel moyen d’un salarié couvert par une convention collective était de 2.240 euros, hors apprenti, en 2014, selon une étude publiée ce mardi par la Dares. Mais cette moyenne recouvre des situations très différentes. Pour gagner sa vie, mieux vaut travailler dans la métallurgie que la coiffure... Une étude de la Direction de la recherche du ministère du travail (Dares) portant sur les conventions collectives, mise en ligne ce mardi, vient mettre en chiffres les écarts de salaire entre les branches d’activité. Au total, le salaire mensuel net moyen d’un équivalent temps plein hors apprenti était de 2.240 euros en 2014 pour les 15,3 millions de salariés couverts par une convention collective de branche. Mais cette moyenne recouvre des situations très différentes. Ainsi, dans les branches de plus de 50.000 salariés, elle s’échelonne entre 1.350 euros dans la coiffure et 4.360 euros chez les cadres de la métallurgie. Ces éléments le confirment s’il en était besoin, le niveau du salaire moyen dépend « en grande partie » de la structure socio-professionnelle du salariat de chaque branche. Avec une « prime » liée au taux d’encadrement. « Les branches ayant un salaire moyen supérieur à 2.600 euros ont au moins 20 % de leurs effectifs composés de cadres », note la Dares.

Mieux vaut travailler dans l’industrie pharmaceutique que dans une pharmacie Mais au sein même des catégories professionnelles, tous les secteurs ne se valent pas. Pour les cadres, mieux vaut travailler dans l’industrie pharmaceutique que dans une pharmacie ... Dans le premier cas, comme dans le transport aérien, la chimie ou la banque, le salaire moyen est au dessus de 5.000 euros tandis que dans le second cas, il tourne entre 2.800 et 3.000 euros, comme dans le commerce de détail de fruits et légumes ou la restauration rapide. Pour les employés, le salaire dans les pharmacies d’officine et celui dans l’industrie pharmaceutique sont aux deux bouts de l’échelle (1.660 euros contre 2.960 euros).

Cette dernière fait aussi partie des huit industries qui paient les ouvriers à temps plein plus de 2.000 euros. contre 1.280 euros seulement dans le secteur de la propreté. Mais ce n’est pas seulement parce que l’un paie mieux que l’autre. « Au sein de chaque catégorie socio-professionnelle, les différences salariales s’expliquent aussi par l’hétérogénéité des postes occupés et par les différences de structure par âge », note l’étude du ministère du travail. Elle évalue en outre à 7% la part des salaires mensuels nets en équivalent temps plein compris entre 1 et 1,05 SMIC parmi les salariés couverts par une convention collective, dont 90% sont des ouvriers ou employés. Cette proportion inférieure à celle des smicards dans l’ensemble du salariat du privé est liée au fait que les grilles salariales conventionnelles démarrent au-dessus du salaire minimum dans une bonne partie des branches. Là encore, le pourcentage varie fortement d’une branche à l’autre : moins de 1% dans la métallurgie, le personnel au sol des transports aériens ou, toujours, l’industrie pharmaceutique ; 25% dans la coiffure ou la propreté. A l’autre extrême, près de 12% des salariés bénéficiant d’une convention collective perçoivent plus de 3 fois le SMIC

Peu d’écarts entre les régions, en dehors de l’Île-de-France

Selon l’Insee, le niveau moyen de salaires est assez homogène dans les différentes régions françaises. Seule l’Île-de-France se distingue nettement : le salaire moyen y dépasse de 41 % celui des autres régions.

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