Manuel Valls ne veut plus de manifestation à Paris

, par Michel DECAYEUX

France Inter 14.06.2016 -AFP/le Parisien /JD/NO/Ouest France 19 juin 2016

Invité de France Inter ce mercredi matin, Manuel Valls Manuel Valls a réaffirmé qu’il ne "changera(it) pas" le projet de loi Travail. Il a dénoncé l’attitude "ambigüe" de la CGT à l’égard des casseurs et appelé le syndicat à ne plus organiser de grandes manifestations à Paris. "Le gouvernement ne changera pas un texte qui est déjà le résultat d’un compromis avec les syndicats réformistes il y a plusieurs mois, a déclaré le Premier ministre. Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestations sur Paris et au cas par cas, car vous savez qu’on ne peut pas prononcer une interdiction générale, nous prendrons, nous, nos responsabilités." Alors que des incidents ont émaillé la mobilisation de ce 14 juin, avec notamment à Paris des vitres de l’hôpital Necker brisées et un véhicule de la RATP incendié, le chef du gouvernement a fustifé les casseurs "qui voulaient sans doute tuer" des policiers et "une attitude ambigüe du service d’ordre de la CGT qui n’assume plus ses responsabilités".

Valls souhaite que les syndicats annulent leur mobilisation de jeudi

Les préfets diront en début de semaine s’ils autorisent ou interdisent les rassemblements prévus jeudi 23 juin, dans toutes les grandes villes de France, contre la loi Travail. D’ores et déjà, Manuel Valls, qui assume un « désaccord de fond » avec les syndicats contestataires (la CGT, F0, la FSU, Solidaires, l’Unef, la Fidl, et l’UNL), estime dans un entretien au Journal du Dimanche que « les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements » compte tenu du contexte actuel. « C’est du bon sens ! », résume-t-il.

Le Premier ministre évoque, pêle-mêle, « (les) violences qui ont eu lieu, l’attentat odieux contre le couple de policiers mais aussi la tenue de l’Euro ». « Le principe de notre droit, c’est la liberté de manifester », mais « la responsabilité du gouvernement, c’est s’assurer que les conditions de sécurité sont remplies. Or c’est un fait : des syndicalistes peuvent agir avec des casseurs », tonne Valls. Un mélange des genres « inadmissible », pour le chef du gouvernement, qui semble prêt à interdire les mobilisations des 23 et 28 juin si elles font « peser de nouveau un danger pour les forces de l’ordre et les biens publics ». Le projet de loi, discuté et modifié depuis dix jours au Sénat, « revient à l’Assemblée le 5 juillet ». « Nous rétablirons la version adoptée à l’Assemblée nationale, qui avait déjà intégré près de 800 amendements » sur ce texte, « fruit d’un compromis bâti avec les syndicats réformistes et avec la majorité socialiste ». Dès lors, estime le Premier ministre, « la démocratie sociale, ce n’est pas l’expression permanente de la contestation, c’est le respect des temps démocratiques ».

« Nous verrons comment chacun assume ses responsabilités début juillet. Aujourd’hui, je ne vois guère de modification dans les positions des uns et des autres », estime le Premier ministre après la rencontre pour les caméras du n°1 de la CGT, Philippe Martinez, avec la ministre du Travail Myriam El Khomri vendredi. « Maintenant, il faut aller vite et faire adopter ce texte », lance le locataire de Matignon.

60% des Français considèrent "justifiée" la mobilisation contre la loi travail

Une majorité des Français, 60%, considèrent "justifié" le mouvement contre la loi travail et ce malgré les violences lors de la manifestation parisienne du 14 juin, selon un sondage Ifop à paraître dans "Dimanche Ouest-France".

Ce score est quasiment identique à celui (59%) d’un autre sondage sur le même thème réalisé du 6 au 8 juin et à peine plus faible qu’un précédent sondage, réalisé les 19 et 20 mai (65%). "On peut penser que le gouvernement, engagé dans un bras de fer avec la CGT, comptait sur un retournement ou à défaut sur une érosion du soutien ou de la bienveillance de l’opinion vis-à-vis de la contestation", souligne l’institut de sondage.

Mais le phénomène ne s’est pas produit "ni à la suite du blocage des raffineries et des dépôts de carburants", "ni à l’annonce de la poursuite des grèves et des manifestations au lancement de l’Euro de football", "ni donc suite aux nouvelles scènes de violence de ces derniers jours". Sans surprise, les sympathisants du Front de Gauche sont 90% à soutenir la protestation. "Mais 49% des sympathisants du PS estiment également que la contestation contre la loi Travail est ’justifiée’", note l’Ifop.

Les sympathisants des Républicains sont quant à eux "très majoritairement hostiles au mouvement (63% de ’pas justifié’)" alors que les proches du Front national soutiennent cette mobilisation (78% de ’justifiée’)