Loi Travail : Pour le Medef, pas question de reculer

, par Michel DECAYEUX

France Info / Reuters14.06.2016

Le vice-président du Medef, Thibault Lanxade, a quand à lui déclaré à l’antenne de France Info que "le gouvernement doit maintenir sa réforme, c’est une question de principe maintenant". Pour lui, "reculer serait un véritable aveu de faiblesse".

"Il ne reste plus grande chose dans cette loi, il reste juste l’article 2, l’inversion de la hiérarchie de la norme, qui fait que c’est une lueur pour les entreprises, un cap vers lequel il faut qu’on se dirige", a souligné le représentant du patronant, évoquant un "signal extrêmement important pour l’entreprise". Il s’est en revanche dit opposé au mandatement syndical dans les TPE et les PME, prévu dans le projet de loi. Sur le dossier des négociations sur l’assurance chômage, Thibault Lanxade a reconnu qu’il y a une probabilité qu’il n’y ait pas d’accord.

Pierre Gattaz dénonce un retour "aux mauvaises heures de 2012-2013" Alors que les opposants à la loi El Khomri manifestent ce mardi 14 juin à Paris et dans toute la France, le président du Medef s’alarme de la situation de blocage du pays et met en garde le gouvernement contre la perte de confiance des entreprises.

Pierre Gattaz remet ça. Il est la cible préférée des manifestants opposés à la loi El Khomri ? Il choisit d’attaquer une nouvelle fois la CGT, après son interview au Monde, fin mai, dans laquelle il s’en prenait violemment à la centrale de Montreuil. Son exaspération est d’autant plus forte que le siège du Medef, les Medef territoriaux, son domicile mais aussi celui de certains responsables de l’organisation patronale ont été pris pour cible par les manifestants. Dans la nuit de lundi à mardi, encore, de la peinture a été projetée sur la façade du Medef, avenue Bosquet, à Paris.

Lors de sa conférence de presse mensuelle, ce mardi matin, Pierre Gattaz a projeté une série de photos sur "les méthodes de la CGT et de ses affidés", dont celle de manifestants "brandissant (son) compteur électrique comme un scalp" ou celle d’une photo de sa tête au bout d’une pique assortie du mot "ordure". Il dénonce un "climat nauséabond" et le "sentiment d’impunité" de ceux qui se livrent à des dégradations.

Pierre Gattaz en tire des conclusions hasardeuses sur la protection des délégués syndicaux en entreprise – à revoir, le nombre de leurs mandats – à limiter, et se demande même "comment peut-on encore défendre le mandatement quand deux syndicats représentatifs se comportent comme ça ?" Il en appelle au code pénal, qui punit les dégradations, demande la mise en place d’un "service minimum économique" pour protéger les grandes infrastructures… Bref, un Pierre Gattaz bien remonté par ce que lui ont dit ses adhérents au conseil exécutif de la veille.

La loi Travail, "une loi inutile"

Tout ça pour rien, en plus, estime le président du Medef, puisque la loi Travail "est une loi inutile". Elle ne présente qu’un intérêt aux yeux des chefs d’entreprise : ce fameux article 2, qui consacre la primauté des accords d’entreprise. "J’espère encore sauver l’article 2, (…) un pas dans la bonne direction", a-t-il déclaré.

Blocages dus à la loi El Khomri, loi Sapin 2 qui veut imposer la publication d’un reporting financier des entreprises pays par pays, compte pénibilité dont six nouveaux critères entrent en application au 1er juillet, prélèvement à la source pour lequel les entreprises ne sont pas prêtes, et actions de groupe ouvertes aux simples associations sont qualifiés par Pierre Gattaz de "cinq déferlantes" qui vont tomber sur la tête des chefs d’entreprise. "Nos entreprises sont extrêmement angoissées par la période actuelle. Elles ont un pays bloqué et un gouvernement et des députés sourds à leurs difficultés opérationnelles. Le début de confiance ressenti depuis quelques mois va s’évanouir. Or la confiance, c’est 50% du business." Avant de conclure : "Je revis les mauvaises heures de 2012-2013". Le Medef aussi sait rester bloqué sur ses positions. Dans la négociation sur l’Assurance chômage, dont la dernière séance est prévue jeudi 16 juin, il refuse toute nouvelle hausse des cotisations patronales, notamment sur les contrats de travail courts. Au risque de faire capoter la négociation en cours, et de laisser le gouvernement reprendre la main sur l’écriture des nouvelles règles de l’assurance chômage. Un échec du paritarisme qui pourrait arranger beaucoup de monde.