Le patronat de l’intérim veut fusionner le CDI et le CDD

, par Michel DECAYEUX

AFP 25/11/2016

Prism’emploi, l’organisme patronal du travail temporaire, souhaite les remplacer par un "contrat à droits progressifs", avec un système d’acquisition de droits dans le temps en matière de conditions de rupture du contrat, d’accès à la formation et d’avantages sociaux.

C’est une mesure choc du patronat de l’intérim, en vue de la présidentielle : fusionner le CDI et le CDD. L’initiative vise à "faire bouger les lignes" pour "en finir avec les rigidités et les défaillances du marché du travail", explique le manifeste de Prism’emploi, l’organisme patronal du travail temporaire qui représente 90% du secteur.

Des "allers-retours" d’une entreprise à l’autre

Objectif : donner plus de flexibilité aux entreprises tout en "sécurisant les parcours des actifs". "Il faut casser la dualité entre un CDI considéré comme rigide et un CDD synonyme de précarité", a expliqué à l’AFP Gilles Lafon, président de Prism’emploi. Il propose donc de fusionner les deux pour créer un "contrat à droits progressifs", avec un système d’acquisition de droits dans le temps en matière de conditions de rupture du contrat, d’accès à la formation et d’avantages sociaux. Les salariés auraient une indemnité plus élevée que celle allouée en cas de rupture du CDI. Les entreprises verraient les motifs de licenciement "assouplis" et auraient une "visibilité sur le coût de la rupture du contrat", via un plafonnement des indemnités prud’homales notamment - mesure initialement prévue dans la loi travail mais vite retirée. Ce nouveau contrat devra permettre des "allers-retours" d’une entreprise à l’autre, en cas de difficultés économiques passagères, "assurant" au salarié un maintien dans l’emploi, et un maintien de ses droits acquis.

Plus d’un Français sur deux favorable au maintien des deux contrats

Pas sûr, pour autant, que la proposition plaise aux travailleurs et aux citoyens de manière générale. Selon un sondage BVA pour MediaRH.com publié vendredi également, si plus de neuf salariés français sur dix voudraient voir le code du travail simplifié, moins d’un sur deux est favorable à un contrat de travail unique, à durée indéterminée (CDI) et plus souple. La proportion de salariés favorables au maintien des deux types de contrats grimpe même à 65% chez les personnes en CDD. A noter que l’assouplissement du contrat de travail est proposé par les deux finalistes à la primaire de la droite. Alain Juppé plaide en faveur d’un "CDI sécurisé", incluant les motifs possibles de rupture en cas de difficulté économique de l’entreprise, et François Fillon veut créer un "contrat de projet", d’une durée préfixée, s’ajoutant aux CDI et aux CDD existants.