Le nouveau président de la CFE-CGC, un ingénieur de la chimie opposé à la loi El Khomri

, par Michel DECAYEUX

06/2016 Reuters

Réunie en congrès les 1 er et 2 juin, la CFE-CGC s’est dotée ce mercredi d’un nouveau président, François Hommeril, un ingénieur venu de la fédération de la chimie. Opposé à la loi Travail, contrairement à la CFDT et à la CFTC, il choisit d’autres méthodes que celles de la CGT pour la combattre

Le syndicat des techniciens, agents de maîtrise et cadres a évité de justesse une nouvelle guerre des chefs. Après un seul mandat à la tête de la CFE-CGC, Carole Couvert souhaitait se représenter, mais n’a pas été soutenue par sa fédération. C’est François Hommeril, un ingénieur de 55 ans, docteur en géologie, dont toute la carrière s’est déroulée chez Péchiney, devenu Rio Tinto Alcan, qui lui succède ce mercredi 1er juin, lors du congrès du syndicat. Ce Savoyard issu de la fédération de la chimie est soutenu par la puissante fédération CFE-CGC de la métallurgie, qui ne présentait pas de candidat. Ses déclarations, depuis quelques jours, donnent le ton de ce que devrait être son mandat : combatif. "Notre organisation n’a pas vocation à être un toutou qui salue toutes les réformes", a-t-il déclaré le 1er juin ,contestant le terme de "réformiste" souvent accolé à son syndicat. François Hommeril rappelle que son syndicat est contre cette loi, et demande à ce que le texte soit retiré du Parlement et renvoyé aux partenaires sociaux pour être renégocié. Jusqu’ici, la CFE-CGC avait plutôt joué la carte parlementaire, travaillant à faire changer le texte auprès de députés plutôt réceptifs à ses arguments.

Une troisième voie syndicale Cette stratégie d’opposition par le dialogue n’est pas forcément très visible, entre une CGT qui s’oppose au texte dans la rue et une CFDT présente sur toutes les antennes pour le défendre. Mais la CFE-CGC n’est pas une adepte des manifestations, même si certains de ses militants se sont joints à celles organisées par la CGT et FO. Il y a quelques jours, elle a d’ailleurs fermement condamné les "blocages" de l’économie organisés par certaines organisations syndicales, la CGT pour ne pas la nommer, parlant même de "prise en otage" de la France.

Cette troisième voie réussit plutôt au syndicat des cadres et agents de maîtrise. Le quatrième syndicat français revendique 160 000 adhérents (contre 690 000 à la CGT et 870 000 à la CFDT), est en tête chez Air France et Renault, toutes catégories de salariés confondues, deuxième chez EDF. Parmi les priorités de François Hommeril : développer le dialogue social et pouvoir signer des accords d’entreprises au nom de tous les salariés, et pas seulement des cadres et attirer les femmes et les jeunes vers le syndicalisme, Pourtant, avec deux hommes pour occuper les postes de secrétaire général et de trésorier, le trio de tête ne comptera aucune femme.