Le chômage repasse sous la barre des 10% en France

, par Michel DECAYEUX

LE 18/08/2016 AFP

C’était la nouvelle tant attendue : le taux de chômage a nettement baissé en France au deuxième trimestre, s’établissant à 9,6% en métropole, 9,9% avec les DOM, selon l’Insee. Le taux de chômage en France entière repasse enfin sous la barre des 10%, pour retrouver son niveau de l’été 2012. Selon les chiffres de l’Insee publiés ce jeudi 18 août, au deuxième trimestre 2016, 9,9% de la population active était au chômage en France entière, contre 10,2% au premier trimestre. Soit son plus bas niveau depuis le troisième trimestre 2012.

Attention : le mode de calcul de l’Insee, qui applique les critères du Bureau international du travail (BIT), prévoit une marge d’erreur de 0,3 point, soit exactement la baisse constatée en un trimestre. Mais la tendance est bien là : le taux de chômage avait déjà baissé entre le troisième et le quatrième trimestre de 2015 (de 10,4 à 10,2%), avant de stabiliser au premier trimestre à 10,2%. Et les indicateurs de l’emploi des cadres restent positifs, selon la dernière publication de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec). En métropole, le taux passe à 9,6% contre 9,9% au trimestre précédent et 10,1% il y a un an. La France métropolitaine compte donc actuellement 2,8 millions de chômeurs. Regardés de plus près, les chiffres montrent une baisse du chômage dans toutes les classes d’âge, mais ce sont surtout les jeunes (15-24 ans) qui en bénéficient (-0,4 point en un trimestre). Avec une grande inégalité hommes-femmes, puisque dans cette catégorie d’âge, le chômage des jeunes hommes perd 1,2 point, tandis que celui des jeunes femmes prend 0,4 point… Encore beaucoup de temps partiels subis Cette baisse tant attendue mérite d’être nuancée : une forme de "sous-emploi" apparaît. Il n’y a pas de précarisation de l’emploi : les taux de CDI ou CDD/intérim bougent peu, tout comme la part des temps pleins et temps partiels. En revanche, le nombre de personnes à temps partiel souhaitant travailler plus, lui, augmente de 0,3 point. Même hausse pour la part de salariés en situation de chômage partiel.

Autre signe de fragilité des bons chiffres du trimestre : le "halo" autour du chômage s’épaissit. Ce sont les personnes qui ne sont pas comptabilisées comme chômeurs au sens du BIT, alors qu’elles ne travaillent pas, mais souhaitent le faire : celles qui ont travaillé quelques heures la semaine de l’enquête, ou attendent une réponse pour un emploi, ou sont découragées et ne recherchent plus activement un job. Or le nombre de personnes présentes dans ce halo augmente pour le deuxième trimestre consécutif (+39000 au premier trimestre 2016, +29000 au deuxième trimestre). Des chômeurs en puissance, qui pourraient réintégrer les statistiques de l’Insee au prochain trimestre… Or, publiés le 17 novembre, ces chiffres tomberont quelques jours avant l’annonce, par François Hollande, de sa décision de se représenter au non (prévue pour décembre). Nul doute que d’ici là tout sera fait pour que les bons résultats du deuxième trimestre se confirment au troisième.

Rappel : est chômeur au sens du BIT toute personne de plus de 15 ans n’ayant pas du tout travaillé au cours de la semaine de référence, qui est disponible pour travailler dans les deux semaines et a activement recherché un emploi au cours du mois précédent.