L’usine Spontex de Beauvais en proie à un incendie

, par Michel DECAYEUX

le 04 août 2015 Courrier Picard, Le Parisien, FR3 Picardie

Un incendie s’est déclaré dans la matinée de ce mardi 4 août à l’usine Spontex de Beauvais (Oise). Le site classé Seveso est fermé pour entretien annuel.

Les quelques salariés présents sur le site de l’usine Spontex de Beauvais ont dû être évacués en milieu de matinée ce mardi 4 août. En cause, un incendie qui s’est déclaré vers 8h15, d’après le quotidien Le Courrier Picard. Selon le site FranceTVinfo, qui rapporte les propos de la préfecture de l’Oise, l’incendie, qui est parti d’un extracteur de fumée situé au pied d’une des cheminées de l’usine, aurait été maîtrisé par les pompiers présents en nombre sur place.

En effet, un dispositif important a été mis en place dans la mesure où le site est classé Seveso et que d’épaisses fumées se sont étendues sur la ville de Beauvais, obligeant les riverains à calfeutrer leurs fenêtres.

La préfecture indique pour sa part que les analyses en cours ne montrent aucune pollution particulière L’usine Spontex à Beauvais ne fait pas partie des établissements classés site Seveso en Picardie. Actuellement la Picardie compte 37 sites Seveso "seuil haut" et 35 sites Seveso pour l’heure.

Beauvais : spectaculaire incendie dans l’usine Spontex

« Quand j’ai commencé à apercevoir des flammes depuis mon jardin, j’ai appelé les pompiers pour savoir si la fumée était toxique. C’était effrayant ! » L’émotion et les interrogations de cette habitante du quartier de Saint-Just-des-Marais étaient largement partagées ce matin à Beauvais. Vers 8 h 30, une épaisse et âcre colonne de fumée noire montait du site de l’usine Spontex (qu’elle partage avec la société Viskase) où un incendie venait de se déclarer. Le premier depuis ving-cinq ans. « On a eu vraiment peur quand les flammes ont atteint une hauteur de plus de 5 m », raconte un collaborateur de cette entreprise historique de Beauvais (250 salariés), d’où sortent chaque année 1,5 million d’éponges. Au total, une cinquantaine de salariés ont été évacués, la plupart travaillant pour des sociétés extérieures chargées de la maintenance, la production étant à l’arrêt depuis vendredi soir pour trois semaines, comme chaque mois d’août. Aucun blessé n’est à déplorer. « L’incendie s’est déclaré dans un bâtiment ne contenant pas de produits chimiques, mais abritant des extracteurs d’air qui ont favorisé la propagation de la fumée, noire en raison de la combustion de PVC », précise le colonel Pascal Paillot, directeur adjoint du SDIS 60 (Service départemental d’incendie et de secours). Pas moins de 85 pompiers, dont ceux des cellules de risques chimiques de Creil et du GRIMP (groupement de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux), ainsi qu’une douzaine de véhicules, ont été mobilisés pour venir à bout de l’incendie qui était sous contrôle dès 10 heures. Cependant les soldats du feu devaient assurer la surveillance du site tout l’après-midi. « L‘enquête devra déterminer les causes de l’incendie, mais il est difficile d’imaginer que ce soit autre chose qu’accidentel », explique Blaise Gourtay, secrétaire général de la préfecture. Même si l’usine n’est plus classée Seveso depuis le début d’année, elle est soumise à un grand nombre d’obligations en matière de sécurité et d’environnement. Selon la préfecture, les analyses de la qualité de l’air diligentées ce mardi matin sur le site et dans la ville n’ont pas détecté de produits toxiques. Ce soir, l’ensemble du dispositif était levé, et aucun risque n’est à craindre. En revanche, l’incertitude demeure sur la reprise de l’activité prévue le 24 août. Mais Jean-Jacques Caux, responsable des travaux chez Spontex, l’affirme : « Cet incendie ne met pas le site en péril ».

Incendie à Spontex : vivre à côté d’une usine à haut risque Depuis des années, les riverains ont pris conscience de la dangerosité du site. Aucun habitant évacué mais chacun a pris ses précautions

Ici, on manipule la chimie pour fabriquer des éponges. Les habitants ont conscience de la dangerosité de l’entreprise, sise en plein milieu de la ville, et cela ne les empêche pas de dormir. Ils connaissent les risques mais n’y pensent pas. « C’est comme ça, on le sait. Un tel incendie n’est pas arrivé depuis presque trente ans. Je me souviens de celui de la chaufferie », raconte une habitante, dont la maison est située devant l’entrée de l’usine. Son mari a travaillé durant 35 ans chez Spontex. « Je n’étais pas plus inquiète que cela, ce matin quand j’ai aperçu la fumée noire. » Même si les deux hautes cheminées font partie du décor, cette mère de famille, habitant une autre rue en face de l’accès de Spontex, a tout de même pris ses précautions ce mardi matin, réveillée par les sirènes des pompiers. « Avec mes enfants, on a déjeuné, on s’est vite préparé. Au cas où il y aurait une évacuation. On était prêts. Finalement, personne n’est venu. J’ai fermé mes fenêtres, mes volets, même si la fumée se dissipait de l’autre côté de la maison. » Enfermée chez elle, cette dernière a suivi l’avancement des opérations sur les réseaux sociaux. « On a tout de suite su que les fumées n’étaient pas toxiques. Mon mari, qui travaille à Allonne, est même repassé à la maison pour voir si tout allait bien, il était inquiet », témoigne calmement la riveraine. Le couple a déjà participé à des réunions organisées par Spontex sur la conduite à suivre en cas d’accident sur le site. « Cela fait 18 ans qu’on habite ici, on vit avec. On ne voudrait même pas que Spontex parte au profit d’une barre d’immeuble. » La sécurité est au cœur de l’incendie qui s’est produit hier, mais l’emploi aussi. Les riverains, qui vivent autour du site, y sont attachés. Près de 600 personnes travaillent ici. « On ne va pas faire fermer l’usine, ce serait une catastrophe pour Beauvais », évoque une habitante de la rue de la Préfecture, dont le jardin donne sur les bâtiments de Spontex. « Il y a 20 ans, des voisins voulaient porter plainte contre l’entreprise, à l’origine de nombreuses nuisances sonores. J’avais refusé, des membres de ma famille travaillaient dans l’usine », ajoute ce retraité.