France-Allemagne : le match économique

, par Michel DECAYEUX

le 07 juillet 2016 La Finance pour tous/le Point

Croissance, chômage, niveau des salaires, dette... Quels sont les points forts et les points faibles des deux économies phares de l’UE ? Comparatif.

Moins de dépenses publiques, des salaires des plus élevés, un excédent commercial insolent, des prélèvements obligatoires moins lourds. Et surtout moitié moins de chômage ! Dans le match France-Allemagne, il n’y a pas photo, et pas de surprise : nos voisins outre-Rhin se portent beaucoup mieux que nous. Dans la série de tableaux et de chiffres ci-dessous, le constat est sans appel, mais, surtout, quelques explications apparaissent : un taux de syndicalisation élevé, indice de ce dialogue social, qui a permis de mener à bien les réformes du marché du travail et des retraites des années 2000. Mais aussi une démographie en berne, qui lui vaut un taux de chômage des jeunes de 15 % quand il s’élève à 25 % chez nous.

Selon la journaliste Ursula Weidenfeld, "l’Allemagne a choisi de privilégier la sauvegarde des emplois au détriment des salaires. (...) C’est vrai, les salariés se sont appauvris au cours des 10 dernières années, mais avec l’amélioration de la situation, on assiste de nouveau à une hausse des salaires." Ainsi, alors que le gouvernement français a annoncé le gel des salaires de la fonction publique en 2014 (et ce, pour la 4e année consécutive !) les fonctionnaires allemands ont, eux, obtenu une hausse de 5,6 % pour 2013 et 2104.

Durant les premières minutes suivant le coup d’envoi, les deux équipes se neutralisent : l’Allemagne est un pays plus peuplé que la France mais ses 82 millions d’habitants vivent sur un territoire plus petit. La tension monte entre les deux équipes. D’un point de vue économique le match est plus serré qu’il n’y paraît. En effet, les Allemands ont beau avoir la réputation d’être de grands travailleurs, la productivité française (soit le PIB produit par heure travaillée) est légèrement meilleure en France ! Mais la France décroche depuis les années 1990 et l’écart de productivité horaire du travail entre la France et l’Allemagne ne cesse de s’amoindrir : en 2014, la croissance de la productivité du travail est de + 0,4 % en Allemagne alors qu’elle est négative en France (- 0,1 %) (source OCDE).

Malgré tout, c’est la France qui ouvre le score !! 1-0.

Le niveau de formation de la population active peut expliquer une partie de la réduction du différentiel de productivité. Les travailleurs allemands seraient donc mieux formés que leurs homologues français ? En effet, selon le classement PISA, les Allemands ont de meilleurs résultats académiques en sciences et en mathématiques notamment, mais aussi en compréhension de l’écrit (Allemagne : 19e vs France 21e).

Egalisation de la Mannschaft 1 – 1. Mais c’est surtout la différence du taux de chômage chez les moins de 25 ans entre la France et l’Allemagne qui est frappante : il y a plus de trois fois moins de jeunes à la recherche d’un emploi en Allemagne par rapport à la France ! Raison souvent avancée, le nombre d’apprentis, plus de trois fois supérieur en Allemagne avec 1,4 million d’apprentis contre 0,4 en France, ces derniers ayant plus de facilités à intégrer le monde du travail.

2eme but encaissé par les Bleus.

En revanche, s’il y a moins de chômeurs en Allemagne qu’en France, les inégalités y ont augmenté. Le taux de pauvreté en 2014 est de 16,7 % en Allemagne contre 13,3 % en France soit environ 13 millions de pauvres contre 9. La précarisation du travail en Allemagne depuis la mise en place et la poursuite des réformes Hartz est souvent mise en cause pour expliquer ce phénomène.

Avec un score de 2 – 2, direction les prolongations ! Sur le terrain économique, le match est serré ;