Allemagne : La pauvreté des enfants s’accentue en Allemagne

, par Michel DECAYEUX

EurActiv 19/9/2016

Malgré la situation économique florissante de l’Allemagne, de plus en plus d’enfants vivent dans la pauvreté, selon une étude de la fondation Bertelsmann.

En Allemagne, les régions, les communes et les assurances sociales ont encaissé 18,5 milliards d’euros de surplus au premier semestre 2016. Selon l’agence fédérale de statistiques, l’Allemagne n’a pas connu d’excédent aussi important depuis sa réunification.

Néanmoins, beaucoup d’enfants n’en bénéficient pas. Au contraire, la pauvreté chez les enfants augmente et peut déjà être considéré comme un phénomène de masse. En 2015, plus de 1,9 millions de jeunes âgés de moins de 18 ans vivaient dans un foyer bénéficiant d’allocations chômage, soit 14,7 % de tous les enfants et 52 000 de plus qu’en 2014, selon les nouvelles statistiques de l’agence fédérale de l’emploi, évaluées par la fondation Bertelsmann dans une étude. Selon les associations humanitaires, si les études prenaient en compte les enfants dont les parents gagnent moins de 60 % du salaire moyen, 3 millions d’enfants seraient considérés comme pauvre dans le pays qui a pourtant un PIB de plus de 3 milliards d’euros, se plaçant devant la Grande-Bretagne et la France parmi les pays européens.

Les enfants vivant avec un seul parent ou avec des frères et sœurs sont souvent touchés plus sévèrement. De tous les enfants bénéficiant des aides sociales de l’État, la moitié vit dans une famille monoparentale et 36 % vivent dans des familles de trois enfants ou plus.

Une autre étude de la fondation Bertelsmann en collaboration avec l’institut d’études sociales montre les conséquences dramatiques : les enfants pauvres sont plus fréquemment isolés socialement, manquent de matériel et sont en moins bonne santé, ils ne peuvent pas se payer les transports et les activités extrascolaires et les vacances représentent un luxe. D’ailleurs, leur parcours scolaire est largement plus difficile.

Or, l’étude montre aussi que les experts ne se penchent pas suffisamment sur la question. Il n’y a pas de « travail systématique et scientifique sur les conséquences et l’impact de la pauvreté sur les enfants ».

Jörg Dräger, dirigeant de la fondation Bertelsmann a averti que « les enfants vivant dans la pauvreté ne peuvent pas améliorer leur situation seuls. C’est pourquoi l’État a une responsabilité toute particulière dans ce cas de figure ».

A Berlin, la situation est encore pire, avec près d’un enfant sur trois dans la précarité.

Ainsi, à Berlin, près d’un jeune de moins de 15 ans sur trois est pauvre : 31,2 % des jeunes Berlinois dépendent des allocations versées dans le cadre de Hartz IV, soit 144 312 enfants. La situation est tout aussi dramatique à Brême. Mais elle l’est moins dans d’autres Länder. Dans la Saxe-Anhalt, 21,8 % sont concernés par ces aides sociales et 20,4 % à Hambourg. La Bavière, le riche Land du sud, enregistre quant à elle le taux le plus faible : 6,5 % des Bavarois âgés de moins de 15 ans sont bénéficiaires des aides sociales de Hartz IV.

Les adolescents ne sont pas épargnés non plus : le nombre de bénéficiaires âgés de 15 à 24 ans des allocations de Hartz IV a augmenté pour la première fois depuis des années.

Beaucoup sont issus de familles monoparentales ou ont des parents d’origine étrangère. Selon Sabine Zimmerman, ces chiffres ne montrent pas seulement la précarité des jeunes Allemands, mais aussi la pauvreté de leurs parents et son impact sur les enfants. « Le nombre énorme de bénéficiaires de l’aide Hartz IV ayant des enfants reflète combien le marché du travail est difficile dans beaucoup de régions, où il n’y a pas assez d’emplois et des salaires trop faibles », a déclaré la députée.